Get the skirt out of me !

Il me faisait que trop du bien de retourner travailler au Urban Coffee ce matin. Pourquoi ? Parce que la veille, j’avais passé une soirée au club de strip-tease qui me donnait presque envie de démissionner de cet emploi, quitte à devoir trouver autre chose pour pouvoir payer tous mes frais de chimiothérapie. En fait, en étant embauchée comme danseuse, je n’avais jamais voulu que ça aille plus loin, et il me semble que tout cela, c’était absolument clair, mais je m’étais rendu compte que ce n’était pas le cas.

La veille, après avoir terminé de me dandiner toute la soirée, un jeune homme m’avait approché, disant qu’il recherchait des filles pour son commerce. Puis, quand il m’expliqua, et que je compris de quoi il s’agissait, je l’avais laissé sans lui laisser le temps de rajouter quoi que ce soit. J’avais beau être désespérée pour de l’argent, mais jamais je ne pourrais descendre aussi bas que de me prostituer pour en avoir. Peut-être que je n’étais pas l’exemple parfait de la jeune vierge chaste – je ne savais même pas c’était quoi en fait -, mais m’abaisser à ce niveau, jamais je ne pourrais le faire. Et puis, de toute façon, je ne pourrais pas le supporter, non seulement mentalement, mais également physiquement; en raison de mon cancer, j’avais du mal à supporter les rapports sexuels ces derniers temps, puisque ceux-ci me causaient une douleur insupportable qui venait effacer toute trace de plaisir. Sans plaisir, ce serait juste à vouloir se tirer une balle dans la tête.

Ce matin, j’avais donc décidé d’oublier cette histoire et d’aller travailler là où je me sentais le mieux, à savoir au café qui m’avait embauché il y a maintenant cinq ans de cela. Non seulement, l’ambiance y était beaucoup mieux, mais en plus, j’étais persuadée que mon gérant n’allait pas me proposer quelque chose de complètement insensé, même si, quand j’arrivai au café, je l’entendis m’interpeller, me demandant de faire quelque chose pour lui. Je dis, encore sur les nerfs de la veille :

- Non je ne coucherai pas avec toi !

Heureusement qu’il me connaissait bien, et que j’avais déjà un pied bien à terre dans le café, parce que sinon, probablement je me serais fait virer sur le champ. Heureusement, il prit cela pour une blague, ce que c’était en réalité, puis me demanda de faire du rangement sous le comptoir auquel les clients étaient servis, tout en m’occupant de servir les clients quand il y en avait. Puis, il me posa une question finalement sur ce que je venais de lui dire. Je lui répondis que j’allais lui expliquer plus tard, durant la pause, que les clients allaient bientôt arriver. J’attachai mes cheveux, puis je m’assieds par terre derrière le comptoir pour faire le ménage que le gérant m’avait demandé. Quelques minutes après, je vis les pieds du premier client de la journée arriver. Avant qu’il n’aboutisse complètement devant le comptoir, je me relevai, et je lui dis :

- Bonjour, qu’est-ce que je peux…

J’eus soudainement un choc en voyant le client en question. Encore une fois, je ne réfléchis pas avant de parler, quitte à avoir une plainte sur mon dos – ce ne serait pas la première d’ailleurs – et je dis :

- Désolée, on a pas de poufiasses de rue sur le menu.